Attentats du 13-Novembre : au premier jour du procès, Salah Abdeslam provoque la cour et les victimes
Le procès des attentats du 13-Novembre 2015 s'est ouvert ce mercredi à Paris. Seul membre encore en vie des commandos, Salah Abdeslam a pris la parole.
Le procès des attentats du 13-Novembre 2015 s'est ouvert ce mercredi à Paris, un événement déjà qualifié d'"historique" dans un palais de justice transformé en bunker et où le principal accusé, Salah Abdeslam, s'est présenté en "combattant de l'Etat islamique" en se plaignant de ses conditions de traitement.
Vingt accusés sont jugés pour leur rôle présumé dans l'organisation de ces attaques djihadistes revendiquées par l'Etat islamique et menées de façon quasi-simultanée par trois commandos de trois tueurs, au Stade de France à Saint-Denis, sur les terrasses de cafés parisiens et à la salle de concert du Bataclan.
Ces attentats ont fait 130 morts et des centaines de blessés. Seul membre encore en vie des commandos, Salah Abdeslam a pris place mercredi dans le box sécurisé des accusés, habillé de noir et portant un masque sur sa barbe.
Il n'y a pas de divinité à part Allah
"Je tiens à témoigner qu'il n'y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est son serviteur", a-t-il déclaré après avoir enlevé son masque, reprenant la profession de foi des musulmans, la "chahada". "J'ai abandonné ma profession pour devenir un combattant de l'Etat islamique", a-t-il poursuivi sur un ton provocant, lors de l'étape de la vérification de l'état-civil des accusés.
Après une brève suspension d'audience due au malaise de Farid Kharkhach, l'un des prévenus, Salah Abdeslam s'est mis à hurler dans le box contre le président de la cour d'assises spéciale, Jean-Louis Périès, en déclarant être "traité comme un chien", selon des propos rapportés par plusieurs médias.
"Ça fait plus de six ans que je suis traité comme un chien, ça fait six ans que je dis rien car je sais qu'après la mort je serai ressuscité et vous devrez rendre des comptes", a-t-il dit.
"On n'est pas dans un tribunal ecclésiastique", a répondu le magistrat.
Le silence depuis son arrestation
Le Franco-Marocain de 31 ans, qui risque la prison à perpétuité, s'était jusqu'ici muré dans le silence depuis son arrestation en Belgique quatre mois après les attentats.
Interrogé sur la possibilité que Salah Abdeslam puisse utiliser le procès pour se livrer à de la propagande islamiste, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti s'était auparavant voulu rassurant.
"Laissons le procès se dérouler. Il (Salah Abdeslam) dira ce qu'il a envie de dire et nous en penserons ce que nous avons envie d'en penser", a-t-il dit mercredi matin sur BFMTV/RMC.
Évoquant le début du procès des attentats de novembre 2015, le Premier ministre Jean Castex a pour sa part dénoncé mercredi les "attaques lâches et monstrueuses que notre pays a subies au cours des dernières années y compris depuis que je suis chef du gouvernement".
"Je veux réaffirmer notre détermination à tout faire pour juguler la menace terroriste", a-t-il ajouté.
Comprendre l'enchaînement des faits
Outre Salah Abdeslam, dix autres accusés sont présents sur le banc des accusés pour avoir aidé à l'organisation des attaques en fournissant des armes, de l'argent ou de faux documents d'identité à leurs auteurs, ou pour les avoir aidés à gagner la Belgique depuis la Syrie. Trois comparaissent libres tandis que six dirigeants de l'Etat islamique sont jugés par contumace, la plupart d'entre eux étant présumés morts en Syrie.
Les victimes comme leurs proches espèrent que le procès permettra de mieux comprendre l'enchaînement des faits qui ont conduit aux attentats et d'exprimer leur souffrance, même si beaucoup disent ne pas attendre grand-chose des accusés.
Le procès va durer presque neuf mois.
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