Drame de Millas : "La perte d’un enfant est une épreuve atroce", les témoignages déchirants des parents
Les parents des jeunes victimes ont témoigné ce mercredi 28 septembre au tribunal de Marseille. Des récits insoutenables en l’absence de l’unique prévenue.
La souffrance de ces parents des victimes du drame de Millas est une peine à perpétuité. Dans la douleur, ils ont toutefois eu l’extrême courage et l’impressionnante dignité de témoigner, ce mercredi au tribunal de Marseille, de l’horreur de ce funeste 14 décembre 2017.
Du calvaire également qu’ils endurent depuis quatre ans et demi. Et pire, encore, depuis ces sept premiers jours de procès. Des récits insoutenables qui ont arraché les larmes de toute la salle d’audience en l’absence de l’unique prévenue.
Des parents "désenfantés"
Hospitalisée en soins intensifs depuis jeudi dernier, Nadine Oliveira a été transférée en cardiologie ce lundi. L’information a été communiquée par le procureur de la République Michel Sastre qui a adressé une réquisition aux services médicaux pour obtenir des nouvelles de l’état de santé de la conductrice du bus scolaire qui pourrait sortir vendredi.
Dans l’attente, les parents "désenfantés", comme le décrit le père d’Ophélia, ont tenu à lui adresser leurs mots. Voici les témoignages de trois d’entre eux.
La maman de Loïc
Après son mari Fabien venu dénoncer "la machination et la manipulation de la défense de la conductrice du bus scolaire", incapable de partager la mémoire et même le prénom de Loïc avec le tribunal, Marjorie Bourgeonnier arrive en pleurs. Sur l’avant de son tee-shirt noir, "Mon fils", dans le dos "Loïc".
Et elle se souvient. "À 23 h, à l’hôpital, on était quatre familles et on savait qu’il y avait quatre décès. Ils ont appelé les premiers, on les a entendus hurler, et puis c’était nous", sanglote la maman hantée par l’image de son fils "parti tout seul".
Son autre cauchemar, savoir comment Loïc était mort, "et surtout s’il n’avait pas souffert. Il a probablement succombé à un enfoncement de la cage thoracique, mais moi, le mot probablement, ça ne me va pas. C’est plein de choses comme ça qui font que, pour moi, ce ne pouvait pas être mon fils."
Le papa d’Ophélia
Stéphan Mathieu désirait plus que tout rendre hommage à sa "petite princesse" Ophélia. Tandis que les photos de sa fille disparue défilent sur les écrans géants, ce papa s’en veut tellement de lui avoir conseillé "de toujours se mettre au milieu du bus parce que c’était plus sûr".
Ce soir-là, quand il voit le car "coupé en deux, je me suis dit que pour une fois, peut-être, elle ne m’avait pas écouté". Arrivé à l’hôpital, "on ne savait plus quoi penser, on était là à attendre, l’espoir nous faisait tenir. Il ne restait plus que deux familles, j’espérais qu’ils ne nous appelleraient pas et un médecin est rentré qui cherchait les parents d’Ophélia."
La tristesse envahit Stéphan Mathieu. "La perte d’un enfant est une épreuve atroce, personne ne peut se mettre à notre place. Notre vie est finie. Je ne peux plus regarder les familles heureuses avec des enfants."
Quatre jours avant l’effroyable accident, "Ophélia m’a demandé : "C’est comment la mort ? Qu’est-ce que l’on ressent ?" Je lui ai répondu : "Ne te pose pas ces questions, tu as le temps avant de mourir"."
La maman de Teddy
Sandra Chinaud s’était promis de ne pas pleurer, confie-t-elle aux juges. Or, l’émotion la submerge. "Ce jeudi 14 décembre était une journée banale qui aurait dû être un jour de fête, c’était mon anniversaire. J’ai déposé Teddy le matin à l’arrêt de bus du village, il m’a fait un grand sourire, comment croire que c’était la dernière fois que je le verrais debout, souriant et vivant." Et de regretter : "Les deux jours d’avant, il avait été malade et avait voulu de lui-même revenir au collège. Si nous avions su, encore un si…"
Sandra revoit son "Titi" en réanimation. "Le médecin nous a dit qu’on risquait de ne pas le reconnaître mais qu’il voulait être sûr que c’était bien lui. Teddy était là, nous avons espéré, on se répétait qu’il allait s’en sortir jusqu’au 17 décembre où on a dû lui dire au revoir. Je lui tenais la main, il a fallu le débrancher, j’ai eu l’impression qu’on le tuait une deuxième fois."
La maman vivra des mois et des années "à ne pas accepter, à vouloir le rejoindre, tellement la douleur était intense, jusqu’au coma. Je me suis retrouvée en réanimation là où Teddy était quelques semaines plus tôt. J’aurais tellement voulu ne pas me réveiller jusqu’au jour où je me suis dit que Teddy n’aurait pas voulu ça."
(SOURCE : L'INDEPENDANT)
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