Cheveux crépus, dreadlocks, calvitie… La discrimination capillaire en débat à l’Assemblée nationale ce jeudi

  • La proposition de loi sera examinée à l’Assemblée nationale ce jeudi 28 mars.
    La proposition de loi sera examinée à l’Assemblée nationale ce jeudi 28 mars. ILLUSTRATION PIXABAY
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Une proposition de loi visant à reconnaître et à sanctionner la discrimination capillaire en milieu professionnel sera examinée à l’Assemblée nationale ce jeudi 28 mars.

Être libre de porter ses cheveux au naturel qu’ils soient crépus, rasés, roux ou encore en tresses africaines sans être pénalisé ni jugé moins professionnel : c’est l’objectif d’une proposition de loi qui arrive à l’Assemblée nationale ce jeudi 28 mars.

Cette mesure, portée par le député Olivier Serva (LIOT), vise à encadrer et sanctionner la discrimination basée sur la coupe, la texture, la couleur ou la longueur des cheveux, en l’ajoutant à la liste des discriminations passibles de sanctions pénales.

Premier pays au monde à reconnaître la discrimination capillaire

Si la loi est adoptée, une personne reconnue coupable de discrimination capillaire pourrait alors être sanctionnée jusqu’à 3 ans de prison et 75 000 euros d’amende.

"C’est historique, c’est le premier pays au monde qui – au niveau national – reconnaît la discrimination capillaire comme une vraie discrimination", se réjouissait le député guadeloupéen le 18 mars, après l’approbation du texte par la commission des lois.

\u2705 Proposition de loi sur la #DiscriminationCapillaire adopté aujourd'hui en comission des lois !

?\ud83c\udfa4@OlivierServa nous partage son sentiment juste à la sortie.

Prochain RDV: examen en séance \u27a1\ufe0f le 28 MARS pour confirmer cette avancée. #DirectAN @AN_ComLois #LIOT pic.twitter.com/JZGCjgIiC6

— Groupe LIOT (@GroupeLIOT_An) March 20, 2024

Le seul équivalent existe aux États-Unis où le "CROWN Act" (Creating a Respectful and Open World for Natural Hair) de 2022 interdit la discrimination basée sur les cheveux au travail et à l’école. Adoptée dans 24 États et une trentaine de villes, elle ne s’applique cependant pas au niveau fédéral.

Plus de risques d’être perçus comme non-professionnels

En France, l’ampleur du phénomène est difficile à évaluer, d’après Franceinfo. En revanche, "il est incontestable que la discrimination capillaire existe, et conduit à des discriminations, notamment dans l’accès à l’emploi", souligne auprès de nos confrères le sociologue Jean-François Amadieu.

Selon un rapport parlementaire publié en mars 2024, basé sur une étude de Dove et Linkedin, les cheveux des femmes noires ont 2,5 fois plus de risques d’être perçus comme non-professionnels par rapport à d’autres couleurs, coupes ou textures. La même étude montre que deux tiers des femmes noires changent de coiffure pour un entretien d’embauche, majoritairement pour des cheveux lissés.

Les chauves aussi concernés

Mais les personnes noires ne sont pas les seules à souffrir de ce type de discrimination. Selon une autre étudie britannique de 2009, citée par le député Olivier Serva, une femme blonde sur trois doit changer de couleur de cheveux pour paraître plus intelligente au sein de l’entreprise.

Dans un entretien accordé à Franceinfo en avril dernier, le député affirmait que cette discrimination capillaire touche aussi les hommes chauves. "Une étude démontre qu’ils ont 30 % de chances en moins de pouvoir progresser dans leur entreprise", expliquait alors Olivier Serva.

Une loi "symbolique"

Si le texte sur la discrimination capillaire a été adopté en commission des lois, mercredi 20 mars, il ne fait pas l’unanimité parmi les élus Républicains et RN. Fabien di Filippo, député LR de Moselle, estime notamment que cela revient à "importer une législation anglo-saxonne et sa logique victimaire dans le droit français".

D’autres affirment qu’il n’y a "pas de vide juridique" car le Code du travail prévoit déjà que "l’apparence physique est une cause de discrimination".

La promulgation de la loi serait "symbolique" mais ne faciliterait toutefois pas les aspects juridiques, selon les spécialistes.

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Les commentaires (28)
papeete Il y a 30 jours Le 28/03/2024 à 14:13

Vivement JUIN pour que les zélites comprennent ce qui importe aux Français

POURRIERE Il y a 30 jours Le 28/03/2024 à 12:05

Y a pas de sujets plus importants pour nos amis politiciens....

Anonyme182737 Il y a 30 jours Le 28/03/2024 à 11:55

Comme s'il n'y avait pas des problèmes plus importants à régler dans ce pays au lieu de satisfaire les revendications de groupes ethniques dont beaucoup de membres placent la loi de dieu avant la loi de la république ce qui ne semble pas émouvoir nos dirigeants