"On n’a pas envie de gâcher les Jeux Olympiques mais…", prévient Frédéric Souillot, secrétaire général Force ouvrière
Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière, revient sur le préavis de grève déposé par son organisation pendant la période des Jeux Olympiques, les projets de réforme dans la fonction publique et de l’assurance-chômage.
Force ouvrière a déposé, le 19 mars, un préavis de grève dans la fonction publique avant et pendant la durée des Jeux Olympiques. Cette menace a-t-elle permis de faire avancer certaines revendications ?
D’abord on n’a pas envie de gâcher les Jeux Olympiques mais on demande à ce qu’il y ait des discussions, ministère par ministère, sur les conditions de travail et la gratification.
Vous avez obtenu satisfaction pour les policiers.
Sur la police, la gratification est connue, elle sera de 1900 euros mais pour les autres versants de la fonction publique il n’y a pas de dialogue dans les ministères pour regarder, par exemple, comment on fait pour faire garder ses enfants. Y aura-t-il des crèches ouvertes, comment se déplace-t-on avec le QR Code ? Pour l’instant la menace n’a fait bouger personne. Il y a eu des négociations au ministère de l’Intérieur pour les forces de l’ordre, elles ont abouti mais tout est bloqué à Bercy au ministère de l’Économie et des Finances : douze décrets ne sont pas sortis.
Vous dénoncez un décalage entre les effets d’annonces et leur réalité ?
C’est ça. On va continuer de mettre la pression en disant qu’on ne peut pas se parer du dialogue social en permanence et ne pas rencontrer les représentants des agents de la fonction publique. Quand on entend le ministre Stanislas Guérini qui veut faire une loi sur l’attractivité de la fonction publique, je pense que sa priorité serait de discuter avec les organisations syndicales sur l’organisation et les conditions de travail pendant les JO. Par exemple en prenant un décret qui déplafonnerait le compte épargne temps car les agents ne pourront pas prendre de congés pendant cette période. Ce décret-là n’est pas sorti.
"Être au chômage, au RSA ce n’est pas un choix"
Sur le même sujet, Stanislas Guérini a annoncé sa volonté de mettre fin à la sûreté de l’emploi dans la fonction publique. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
On dit un jour qu’il faut faire une loi sur l’attractivité et le lendemain on parle de licenciement pour insuffisance professionnelle… Si j’avais dû faire une communication je ne l’aurais pas faite comme ça. Comment redonne-t-on de l’attractivité puisqu’il y a 72 000 postes à pourvoir et surtout des départs, des démissions au ministère de l’Intérieur, dans la santé. Il ne pas y avoir de génération spontanée demain pour revenir dans la fonction publique. Dire que la sûreté de l’emploi c’est terminé soit, mais qui définit l’insuffisance professionnelle, quand comment ? Si c’est juste de la communication elle est mauvaise. Et sur le fond, c’est une très mauvaise idée. L’égalité de la République c’est la fonction publique.
Sur le projet de réforme de l’assurance-chômage, avez-vous reçu le document de travail de la part de la ministre Catherine Vautrin ?
Non, on n’a pas reçu de document de cadrage. Mais il y a deux ans, la même majorité a fait passer une loi qui revenait sur l’indemnisation des demandeurs d’emploi et sa durée. On n’est pas foutu d’évaluer cette loi mais on dit il faut y revenir. Encore une fois, on va braquer les projeteurs sur les demandeurs d’emploi mais être au chômage ou au RSA ce n’est pas un choix. Je rappelle que la convention d’assurance-chômage que l’on a signé l’an dernier n’est toujours pas agréée.
Cette convention comportait un volet sur l’emploi des seniors mais n’a abouti à aucun accord.
Non. Ce n’était pas une revanche sur la réforme des retraites comme j’ai pu le lire. Nous disions "parlons enfin de l’emploi des seniors". On a fait, en intersyndicale, dix propositions communes mais on ne les a pas retrouvées dans cet accord. Le Médef disait que sa priorité était l’emploi des seniors mais il n’y a pas de volonté. Alors que l’emploi de seniors devrait être notre priorité à tous. Cela veut dire que dans les entreprises on ne veut plus des gens qui ont plus de 55 ans. Que fait-on de l’expérience, des compétences acquises ? Dans l’accord on proposait du tutorat, du tuilage avec les anciens et les jeunes. Faire une fin de carrière plus douce, notamment pour les métiers difficiles. Sur le financement, on avait le fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle, excédentaire, un outil pour les 60 ans et plus. Et cela sans que cela coûte plus au budget de l’État.
" Béziers ? On ne va pas sur le terrain des politiques"
Pourquoi Force ouvrière ne participe à la marche contre les idées d’extrême-droite la semaine prochaine à Béziers ?
Quand on fait autre chose que de la politique syndicale on sort de notre rôle d’organisation syndicale. Là on ferait de la politique. FO n’appelle jamais à voter pour l’un ou contre l’autre quelles que soient les élections. Je ne suis pas directeur de conscience. Quand FO a été créé c’était pour arrêter d’être la courroie de transmission du Parti communiste. On est resté sur cette ligne-là. En revanche on communique largement contre le racisme, l’antisémitisme, les discriminations liées aux orientations sexuelles mais on ne va pas sur le terrain des politiques.
Comment gérez-vous la situation lorsqu’un adhérent de FO s’engage à l’extrême-droite ?
On a une jurisprudence qui date de 1974 : quand Arlette Laguiller s’est présentée à la présidentielle elle a remis tous ses mandats. On ne peut pas se prévaloir de FO pour se présenter sur quelque liste politique que ce soit. À chaque fois qu’on a un adhérent qui se sert de son mandat pour faire de la politique, on lui demande de démissionner et de quitter l’organisation.
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