"J’aurais aimé la voir partir dignement" : après la perte d’un proche, ils militent pour l’aide active à mourir

  • Martine Gauthronet et Anne Labruyère militent depuis plusieurs années pour une aide active à mourir.
    Martine Gauthronet et Anne Labruyère militent depuis plusieurs années pour une aide active à mourir. Midi Libre - Kelman Marti
Publié le

En mai, un projet de loi favorable à une aide active à mourir sera débattu au Parlement. Témoignages de personnes qui ont été concernées par le sujet.

"Actuellement, on a le droit d’avoir une belle vie, mais pas d’avoir une belle mort. On devrait avoir le choix." Cette opinion, Jacques Melen, représentant local de Frontignan de l’ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), comme six autres membres présents au groupe de réflexion sur la question de la fin de vie la partagent.

Ce mardi, à la maison des associations de Sète, la petite assemblée discutait à cœur ouvert de l’actualité du sujet, notamment du projet de loi voulant autoriser le suicide assisté et peut-être l’euthanasie, et évoquer ses histoires personnelles. Des témoignages qui rappellent le retard de la France sur la question du droit à mourir, où seule la sédation profonde est légale, et qui permettent de comprendre pourquoi certains veulent faire évoluer la loi.

Un projet de loi bientôt au Parlement

De décembre 2022 à avril 2023, sur demande de la Première ministre de l’époque, Élisabeth Borne, une Convention citoyenne sur la fin de vie a été organisé avec 184citoyens tirés au sort. L’objectif ? Voir si la législation française sur l’accompagnement de la fin de vie était encore adaptée et si elle devait être modifiée.

Au terme des débats, 75 % des participants se positionnaient pour une aide active à mourir et 40 % voulaient laisser le choix entre l’euthanasie et le suicide assisté aux patients présentant des critères d’incurabilité, de souffrance réfractaire ou de souffrance physique.

Le rapport, rendu au Président Macron, a servi à l’élaboration d’un projet de loi sur l’aide active à mourir, favorable à l’euthanasie et au suicide assisté, sous certaines conditions.

Ce dernier sera débattu à partir du 27 mai à l’Assemblée nationale. S’il venait à être adopté par le Parlement, il ne serait pas probablement pas appliqué avant 2025, voire 2026.

"Ça me faisait souffrir de la voir mourir lentement"

Autour de la table, Anne Labruyère, 81 ans, en livre tantôt avec humour, tantôt avec profonde tristesse. Il y a plus de 20 ans, cette retraitée a perdu sa mère, dans une situation où elle aurait aimé que "le suicide assisté ou l’euthanasie soit légal".

"Ma mère, était une personne rayonnante, intellectuelle. Elle a subi une opération au cerveau vers ses 80 ans, a eu Alzheimer, et après, a perdu un peu la tête. Elle souffrait et ça me faisait souffrir de la voir mourir lentement sans aucune dignité", raconte d’abord Anne.

"J’avais pensé à aller en Suisse (le suicide assisté y est légal, NDLR), mais ma mère ne pouvait pas prendre de décision. À l’époque, c’était tabou de parler de ça. J’aurais aimé la voir partir paisiblement et dignement…, poursuit Anne. Je me suis ensuite engagée, car ma mère était le reflet de ce que je pourrais être et on ne veut pas que ça nous arrive, pour nous comme pour les autres."

"Avant, certains médecins étaient humanistes et faisaient des euthanasies clandestines dans ce genre de cas. Maintenant, ça ne se fait plus et les gens souffrent jusqu’au bout. La loi doit changer !", rappelle Jacques Melen.

"Une sédation profonde qui a duré un mois"

En face d’Anne, Martine Gauthronet, 75 ans. Elle aussi a perdu sa mère, il y a quelques années. D’après ses dires, elle "a subi un acharnement thérapeutique". "À la fin de sa vie, elle a eu un cancer, subi beaucoup d’opérations, qui ont dégradé son état au fil des années. Ils voulaient même lui amputer une partie d’une jambe, à cause d’un problème. Ça aurait été de la torture. J’étais contre", contextualise Martine.

"Puis, elle a été mise dans un coma artificiel et la sédation a duré un mois. Un mois durant lequel elle n’était pas alimentée, seulement hydratée et résistait avec force. S’il y avait eu une aide active à mourir, ça aurait duré quelques minutes. La souffrance n’aurait pas duré un mois."

Depuis, la douleur est, en partie, passée. Mais le souhait de voir la loi évoluer est resté. Dans le cas de Martine, sa mère n’était pas en état de se prononcer sur sa mort et voulait laisser le choix à ses proches. Si le projet de loi passe, il imposera que les personnes demandant l’aide à mourir soient notamment aptes à manifester leur volonté de façon libre et éclairée. Sans quoi une euthanasie ou un suicide assisté ne pourra être réalisée pour laisser les personnes partir en paix.

Voir les commentaires
L'immobilier à Sète

239000 €

Vous recherchez un appartement T3 au calme sans vis à vis avec une terrasse[...]

Toutes les annonces immobilières de Sète
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?