Emmanuel Macron prêt à "ouvrir le débat" d’une défense européenne comprenant l’arme nucléaire

  • Emmanuel Macron, prêt à rouvrir le débat d'une défense commune à l'Europe.
    Emmanuel Macron, prêt à rouvrir le débat d'une défense commune à l'Europe. AFP POOL - LUDOVIC MARIN / POOL
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Ludovic Trabuchet (avec AFP)

A moins de six semaines des élections européennes, le président de la République a relancé l'hypothèse au cours d'un entretien avec des jeunes, publié par les journaux du groupe Ebra.

Le président français Emmanuel Macron s’est de nouveau dit prêt à "ouvrir le débat" d’une défense européenne qui comprendrait aussi l’arme nucléaire, dans un entretien avec des jeunes Européens publié samedi soir par les journaux du groupe Ebra.

"Je suis pour ouvrir ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine. Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible", a déclaré le chef de l’État, en ajoutant que la France garderait "sa spécificité mais est prête à contribuer davantage à la défense du sol européen".

La France, seul État membre à disposer de la dissuasion nucléaire

Depuis le Brexit et la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, la France est le seul de ses États membres à disposer de la dissuasion nucléaire. Lors de son discours sur l’Europe jeudi à la Sorbonne, le président français avait plaidé pour une "Europe puissance" et la constitution d’une Europe de la défense "crédible" au côté de l’Otan et face à la Russie, devenue beaucoup plus menaçante depuis son invasion de l’Ukraine en février 2022.

"Ça peut signifier déployer des boucliers antimissiles, mais il faut être sûr qu’ils bloquent tous les missiles et dissuadent de l’utilisation du nucléaire", a expliqué M. Macron dans son entretien publié samedi par les journaux de l’Est de la France. Cette interview a été réalisée vendredi lors d’une visite à Strasbourg.

"Intérêts vitaux"

"Être crédible, c’est avoir aussi des missiles de longue portée qui dissuaderaient les Russes. Et il y a l’arme nucléaire : la doctrine française est qu’on peut l’utiliser quand nos intérêts vitaux sont menacés. J’ai déjà dit qu’il y a une dimension européenne dans ces intérêts vitaux, sans les détailler car cette dissuasion concourrait à la crédibilité de la défense européenne", a-t-il précisé.

Lors de son discours à la Sorbonne, M. Macron avait déjà abordé cette question de l’arme nucléaire française, qui revient régulièrement dans les discussions sur la défense européenne. "La dissuasion nucléaire est en effet au cœur de la stratégie de défense française. Elle est donc par essence un élément incontournable de la défense du continent européen", avait-il dit jeudi dernier.

Europe de la défense contre parapluie de l’Otan

La construction d’une Europe de la défense est depuis très longtemps un objectif de la France, mais elle s’est souvent heurtée aux réticences de ses partenaires qui jugeaient plus sûr le parapluie de l’Otan. L’invasion de l’Ukraine et le possible retour à la Maison-Blanche de Donald Trump relancent le débat sur une autonomie européenne en matière de défense.

À propos de l’Ukraine, M. Macron escompte un effet des livraisons d’armes actuelles. "J’espère que, compte tenu de ce que nous sommes en train de délivrer – les Etats-Unis, les Allemands, nous – dans les prochains mois, les Ukrainiens pourront résister davantage", a-t-il dit dans l’entretien aux journaux du groupe Ebra. "On joue vraiment notre sécurité, et on joue l’avenir de l’Europe", a-t-il réaffirmé.

"Le RN ne propose rien"

Dans ce même entretien avec des jeunes publié par les journaux du groupe Ebra, Emmanuel Macron a de nouveau ciblé le Rassemblement national, dans l’optique des élections européennes. "Le RN ne propose rien. Il y a sept ans ils voulaient sortir de l’Europe et de l’euro. Il y a deux ans on ne savait plus trop. Ils servent aux gens de la démagogie. Un réceptacle de colère ne fait pas un programme et l’agrégation des frustrations ne fait pas un projet", a attaqué le chef de l’État, entendant "convaincre que leur réponse n’est pas la bonne". Une nouvelle prise de position alors que, dans les sondages, l’écart se creuse un peu plus entre Jordan Bardella, tête de liste RN, et la candidate Renaissance Valérie Hayer.