"Depuis deux ans, nous ne déplorons pas d'accident", André Thérond, président de la fédération des chasseurs de Lozère

Abonnés

André Thérond à la tribune : "J'assume la chasse dans son ensemble."

Chasse-Pêche, Lozère, Mende

Publié le 28/04/2024 à 17:01

Michel Pieyre

L’assemblée générale de la fédération des chasseurs de Lozère s’est tenue samedi 27 avril 2024 à la halle Saint-Jean à Mende. André Thérond, le président, a fait le point.

Comment se porte la fédération départementale ?

Nous gérons 5 700 permis. Nous perdons quelques adhérents chaque année mais c’est un phénomène national.

Cela vous inquiète-t-il ?

Sociétalement, l’acceptation de la chasse n’est plus tout à fait la même aujourd’hui. Pour compenser la perte des chasseurs, il faudrait le même nombre de jeunes mais cela n’est pas le cas. Ils ont d’autres distractions. Et puis, il y a aussi la désertification des campagnes. D’autres viennent s’installer et ont le désir de découvrir la chasse et passent le permis. La perte n’est pas énorme mais au fil du temps, ce n'est pas négligeable.

A contrario, il y a plus de femmes…

Oui. Elles représentent à peu près 3 % des chasseurs. Ce n’est pas énorme mais cela amène du renouveau, un vent de fraîcheur. C’est très bien !

Environ 250 chasseurs de Lozère étaient réunis pour l’assemblée générale de la fédération départementale à la Halle Saint-Jean de Mende samedi. MIDI LIBRE - M. P

La sécurité reste-t-elle essentielle aujourd’hui ?

En 2011, nous avions eu deux morts en une semaine, dont un non-chasseur. La sécurité a évolué depuis, mais il faut sans cesse remettre du cœur à l’ouvrage. Pour l’acceptation sociétale, il ne faut pas d’accidents. La chasse n’est pas plus dangereuse qu’une autre activité quand elle est pratiquée normalement, avec des règles strictes, à respecter. Depuis deux ans, nous ne déplorons pas d'accident en Lozère.

À quoi cela est-il du ?

La formation sur la sécurité, les tenues obligatoires, la signalisation. Avant chaque battue collective, les consignes sont données. Il faut diriger avec une main de fer, si j’ose dire, y compris jusque devant la justice.

Le préfet de Lozère était l'invité de l'assemblée

Philippe Castanet, préfet de Lozère était aux côtés d’André Thérond et des membres du bureau de la fédération des chasseurs et avec, à la tribune, Laurent Suau, Jacques Blanc, Jean-Louis Brun, Pierre Morel-À-L’Huissier et Audrey Malaval. Il a exprimé sa position officielle sur la chasse : "Nous travaillons ensemble pour une application intelligente de la réglementation. Nous essayons de simplifier." Le préfet a insisté sur la confiance nécessaire entre les chasseurs et l’État concernant la transparence de la collecte des données, avec des comptages clairs pour la régulation des espèces. "Cela permet d’agir, d’ajuster." Autre thème abordé, les dégâts et l’équilibre agro sylvo-cynégétique : "Ils coûtent chers et créent du désarroi pour ceux qui les subissent, parfois eux-mêmes chasseurs. Cela peut alimenter des oppositions anti-chasse." Enfin, la sécurité : "Il faut avoir cette obsession lorsqu’on manipule des armes."

Raymond Valentin, ancien président du groupement des lieutenants de louverie de Lozère et Michel Sirvain, lieutenant de louverie honoraire ont reçu une médaille pour l’exemplarité dans leur travail. MIDI LIBRE - M. P

Côté réglementation, l’informatique se déploie…

Oui avec des applications, obligatoires dès le 1^er juin 2024. Il y a une application pour la chasse au grand gibier (Geochasse), une autre pour le petit (Chassadapt) et enfin sur ce que nous pouvons observer (Vigifaune). Nous devons déclarer car nous avons des objectifs à atteindre et maintenir l’équilibre agro-sylvo-cynégétique.

Ludovic Folcher, président de l’association Diane pontoise à Pont-de-Montvert a été honoré du trophée de la chasse durable et un chèque de 2 000 €. MIDI LIBRE - M. P

Chasseurs, randonneurs sont-ils compatibles ?

Cela se passe très bien. Nous avons d’excellentes relations avec le comité départemental de randonnée et j’avais souhaité personnellement repousser la date d’ouverture de la chasse au deuxième dimanche de septembre. Nous laissons ainsi les touristes terminer leurs vacances tranquillement. Nous fermons fin février, voire fin janvier. Nous avons interdit la chasse sur les chemins de Stevenson et Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais à l’automne, il y a de belles journées, les champignons, les châtaignes. Ce partage de l’espace, il faut le préserver. Il ne faut pas que les gens aient peur d'aller dans la nature. Nous participons également à des opérations de nettoyage, dans le cadre de l'opération "J'aime la nature propre".

Les multiples facettes de la FDC 48

La fédération des chasseurs de Lozère (FDC 48) regroupe une multitude d’activités. En plus des séances de préparation des candidats au permis de chasser, la FDC 48 propose des formations, des actions d’information, d’éducation et d’appui technique pour les gestionnaires de territoires. Côté sécurité, la FDC 48 rappelle les règles essentielles : mettre son arme en sécurité hors action de chasse, identifier le gibier avant le tir, respecter un angle de 30 degrés, tirs fichants uniquement, ne jamais tirer en direction d’habitations et de routes, régler sa carabine, suivre les formations. Port du vêtement fluorescent lors des battues collectives, signalisation des battues, remise à niveau tous les 10 ans. Le suivi des populations des cerfs élaphes (par observation et écoute du brame), de petits gibiers, analyse de reproduction de la bécasse des bois, des bécassines, de la perdrix rouge est essentielle. Analyse des tableaux de chasse de cervidés et mouflons, de sangliers via les carnets de battue, le suivi des populations des petits prédateurs et participation à des suivis d’espèces protégées. La FDC 48 gère l'ndemnisation des dégâts causés par le grand gibier grâce à un fonds exclusif. La collecte des déchets issus de la chasse au grand gibier (130 tonnes/an) ainsi que les cartouches et douilles usagées (2 tonnes/an) et participation aux actions de nettoyage de la nature. La fédération organise des animations scolaires (faune sauvage), grand public (écoute du brame), des partenariats avec les forestiers. La fédération gère également une forêt primaire de 12 hectares. Enfin, la FDC 48 valorise la venaison, notamment en circuit court.
Reseignements et informations sur chasseurdelozere.com