Projet de ligne à très haute tension dans la Crau et en Camargue : les opposants réclament un projet alternatif

  • De nombreux élus sont venus soutenir les opposants à ce projet.
    De nombreux élus sont venus soutenir les opposants à ce projet. Midi Libre - C.R.
  • Paul Collard, un jeune arboriculteur, s'inquiète de ce projet "invasif"
    Paul Collard, un jeune arboriculteur, s'inquiète de ce projet "invasif" Midi Libre - C.R.
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D'ici 2030, une ligne à très haute tension (THT) de 65 km relierait la zone industrielle et portuaire de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) à Jonquières-Saint-Vincent.

À Beaucaire, du belvédère situé au-dessus du domaine viticole du Château Mourgues du Grès, défile un paysage de vignes et vergers, au bord des costières… Ce dimanche 28 avril, une pluie chagrine gâche, tout de même, cette belle image. Mais Paul Collard, un jeune arboriculteur insiste et décrit au loin : Beaucaire, les Alpilles, Arles, la Camargue, le début des costières. Sur ce promontoire, les jeunes agriculteurs du Gard et tous ceux qui militent contre le projet d’une ligne de très haute tension (400 000 volts) ont installé un panneau où figure le tracé de cette future ligne électrique entre Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Jonquières-Saint-Vincent (Gard) ainsi que les immenses poteaux qui devraient déchirer ce paysage.  "C’est un projet massif et invasif… Une honte. Je l’ai appris en janvier. Nous sommes en Terre d’Argence. Les gens viennent dans nos exploitations de proximité, par ce qu’il y a ce paysage et pour des produits locaux. Ils ne viennent pas pour une ligne à très haute tension".

Une révolte qui s’organise

Ce dimanche, au Château Mourgues du Grès, un peu plus de 400 personnes, venues du Gard et des Bouches-du-Rhône sont venus manifester leur opposition à ce projet. Une grande partie d’entre eux a adhéré à l’association pour la sauvegarde de la Terre d’Argence (Asta), créée en urgence par les jeunes agriculteurs du Gard, des entrepreneurs vivant du tourisme et des habitants de la région.

Ce projet d’une ligne à très haute tension doit permettre, selon ses promoteurs, d’accompagner la transition énergétique du bassin de Fos-sur-Mer particulièrement polluant et de réduire les émissions industrielles de gaz à effet de serre d’ici 2030.

Décarboner, oui ! Saccager, non !

Des pancartes, "Décarboner, oui ! Saccager, non", s’agitent dans la foule qui s’est réfugiée dans le préau du mas. Le projet de cette ligne THT "traverse la réserve biosphère de Camargue, des zones humides d’importance, des sites Natura 2000, des parcs naturels régionaux en Camargue et aux portes des Alpilles", mettent en avant ces opposants qui réclament un projet alternatif.  "Nous sommes dans le triangle d’or de la diversité", décrit Jean-Louis (association Agir pour la Crau). "On est tous pour décarboner. Mais pas au détriment de la typicité de nos territoires, de nos cultures (la vigne, l’olive, le riz, les abricots…). Nous sommes beaucoup, ici, à travailler dans l’agro tourisme. La ligne THT défigurera tout le coteau des costières", rappellent les Gardois.

"C’est l’État qui a demandé à RTE de porter ce projet", soutient Luc Perrin (Asta). "Et on a compris que le préfet de Région était à la fois juge et partie… C’est une ligne aérienne qui permet d’aller plus vite et au moins cher".

Des élus dénoncent un manque de concertation

Projet. Le projet de cette ligne électrique de 400 000 volts ( avec des pylônes dépassant les 50 mètres) a été présenté lors de trois réunions organisées par RTE, gestionnaire du réseau de transport électrique qui ont eu lieu à Jonquières-Saint-Vincent, Arles et Fos-sur-Mer. Les Gardois et Provencaux qui étaient réunis dénoncent un manque de concertation 

Les réactions des élus. De nombreux élus étaient présents à la réunion organisée au domaine du Château Mourgues du Grès, ce dimanche : le sénateur Denis Bouad ; le maire de Fourques, Gilles Dumas ;  le président de la communauté de communes et maire de Bellegarde, Juan Martinez ; le député, Yohann Gillet ; le maire de Beaucaire, Julien Sanchez ; Chloé Ridel, candidate aux élections européennes... 

" Nous sommes à vos côtés", a déclaré le sénateur Denis Bouad. Yoann Gillet a dénoncé une "pseudo concertation" et annoncé qu'il allait saisir la procureure de Nîmes dans le cadre de l'article 40. " J'estime que le préfet qui coordonne ce projet a tenté de truquer cette concertation... Ce projet est grave et je suis convaincu que nous allons le faire stopper. Des alternatives sont possibles et il y a cette mobilisation." "Et nous n'avons pas de réponses concernant tout ce qui concerne la santé publique. C'est une honte", a poursuivi Julien Sanchez. " En fait, c'est une pré-consultation qui provoque beaucoup de tensions, décrit Juan Martinez. Il y a déjà 19 lignes à haute tension, ici. Cela suffit."

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Les commentaires (7)
Anonyme 58535 Il y a 14 jours Le 29/04/2024 à 11:28

Les lignes THT , les centres nucléaires, les parcs éoliens ou solaires , c'est pour les autres , ils ont l'habitude !

Verrem ben Il y a 14 jours Le 29/04/2024 à 09:03

Bonjour,
On sait transporter l'électricité HT en câbles sous marins sur de longues distances, donc, on pourrait "noyer" cette THT sous le Rhône qui passe à proximité : plus de paysages altérés et pas forcément de risque "écologique" majeur au niveau du fleuve... Ah oui, mais ça coûte...Ah non...

Anonyme157505 Il y a 15 jours Le 28/04/2024 à 21:27

Et quelles alternatives proposent-ils ? Ah, là, l'article ne dit rien... on est bien informés !!!

Anonyme202507 Il y a 15 jours Le 28/04/2024 à 22:05

Venez voir sur place, et vous constaterez les dégâts que cela va faire.

Anonyme157505 Il y a 15 jours Le 28/04/2024 à 22:49

Quel dégâts ? Expliquez, je n'habite pas là-bas....