Les 80 agents de l’Agence interdépartementale de démoustication à pied d’œuvre pour contrôler le moustique des marais

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  • Par hélicoptère, pour plus d'efficacité.
    Par hélicoptère, pour plus d'efficacité. EID Meditérannée
  • Par avion, pour traiter de plus grandes surfaces.
    Par avion, pour traiter de plus grandes surfaces. EID Meditérannée
  • Les véhicules terrestres restent une méthode efficace de traitement.
    Les véhicules terrestres restent une méthode efficace de traitement. EID Meditérannée
Publié le , mis à jour

Depuis 1958, l’EID œuvre sur les 5 départements du littoral méditerranéen pour nous permettre de passer un été agréable. Avec un regard permament sur les conditions météo. 

Il n’y a pas que le moustique tigre dans nos vies. Même si ce dernier est très largement auteur du plus grand nombre de nuisance, la lutte s’opère surtout auprès de notre moustique autochtone, celui des marais, que l’EID Méditerranée régule depuis plus de soixante ans.

On parle ici de l’aedes caspius et de l’aedes detritus, les deux moustiques aux grandes capacités de déplacement qui vont tenter de s’inviter sur nos tables estivales.

Et c’est actuellement que la lutte contre ce nuisible s’opère. L’Entente interdépartementale de démoustication (EID Méditerranée) est sur le pied de guerre. En particulier depuis la fin des pluies abondantes tombées sur la région dans la semaine.

Un œil permanent sur la météo

Le moment est propice pour les sept agences de l’EID pour passer à l’attaque. Les 80 agents sont inlassablement sur le terrain, en phase d’observation, mais également prêt à intervenir. En épandant du BTI (Bacillus thuringiensis israelensis) seul insecticide autorisé qui se projette par les airs ou depuis des véhicules au sol au stade larvaire.

Souvenirs : le terrible été 2022

Ceux qui l’ont vécu s’en souviendront certainement : une véritable invasion de moustiques durant l’été 2022, en particulier sur le littoral du Gard et de l’Hérault et de l’Aude qui a fait fuir des centaines de touristes des campings et des restaurants et même des plages. Une réelle prolifération rarement vue, début juillet puis encore fin août. A deux reprises, c’est le fruit de la conjonction de trois facteurs qui a permis des nuisances plus importantes que d’ordinaire : une grande période de sécheresse puis des pluies importantes et une submersion marine qui a fait éclore des centaines de milliers d’œufs qui étaient en sommeil.

A quoi il faut ajouter des vents favorables permettant au moustique des marais, l’aedes caspius de faire des ravages. Les œufs des moustiques des marais, peuvent survivre près de quatre ans en attendant le moment propice : celui de la transformation en larve. Cet été-là, les effets combinés ont offert à une armée de moustique particulièrement délétère pour le tourisme. D’autant qu’ils arrivent en plus de la présence des moustiques tigres. L’été 2022 est à rapprocher des années horribles comme 1999, 2003, 2005 ou 2015… À chaque fois, on a noté du vent supérieur à 30 km/h qui rend l’épandage du larvicide moins efficace.

Il faut donc que le moment soit le plus propice : "La fenêtre de tir est réduite, c’est ce qui complique notre travail. Mais là, les conditions de traitement sont optimales", note Jean-Claude Mouret, coordonnateur à l’EID. C’est lui qui détermine quand et comment on traite. Sur la bases des précieuses informations météo et aux informations transmises depuis ses équipes dans les maris du littoral.

Et l’affaire n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Il faut que les larves de moustiques ingèrent le produit avant qu’elles ne passent au stade adulte. On ne peut pas traiter sur l’œuf en sommeil, au sol, que seul un œil aguerri sait repérer. Mais bien au moment où il est entré en contact avec l’eau, lors des épisodes de submersion marine.

30 000 hectares traités par an en moyenne

L’essentiel du travail de Jean-Claude Mouret, c’est de déterminer le moment idéal. De donner le top départ. Et là, depuis jeudi, les équipes sont toutes mobilisées : "On est à l’affût des prévisions, on se décide souvent la veille pour le lendemain voire le matin même. Un brouillard peut empêcher les avions de décoller, alors il faut s’adapter", souligne Jean-Claude Mouret.

Depuis le début de l’année 2024, 12 000 hectares ont été traités sur la zone d’action de l’EID sur les cinq départements littoraux des Pyrénées-Orientales aux Bouches-du-Rhône. La lutte va se poursuivre. En moyenne, l’EID traite 30 000 hectares par an. "En 2023, année très sèche on n’a traité que 20 000 hectares, car il n’y avait pas de submersion. À l’inverse en 2018, on était à 38 000 hectares. On reste tributaires des conditions réelles". L’an passé, à la même période, seulement 3 500 hectares avaient été traités. On sera à quatre ou cinq fois plus cette année. 80 % des larves devraient être éliminées. On offrira le gîte et le couvert aux survivants…

Didier Fontenille : "De fortes nuisances d’ici une semaine"

Les JO de Paris vont-ils accroître le risque de transmission de virus ?

Tout mouvement de population important accroît le risque. Qu’il s’agisse des JO de Paris comme de l’arrivée massive de touristes dans notre région. La grande majorité des cas de transmission est liée à des virus importés. Lorsque les moustiques piquent ces gens porteurs de virus et les retransmettent à des gens qui, eux ne bougent pas.

Vous avez recommandé que le village olympique soit sans moustique, comment fait-on ?

Oui, j’ai demandé que les villes olympiques soient “mosquito free”. Ce n’est pas si facile, mais c’est faisable, il faut faire appel à des sociétés spécialisées. Il faut savoir que le moustique tigre se déplace très peu, de quelques centaines de mètres tout au plus. Mais une fois installé, il est dur à contrôler. Il faut lui rendre la vie difficile, on sait faire et à Paris il y a un intérêt de santé publique, car le moustique tigre, en plus d’être une nuisance transmet des virus.

Et l’année 2024 risque d’être très favorable à la circulation de la dengue ?

C’est mathématique. Entre les JO et la reprise du tourisme international, il faut s’y attendre. En 2022, on a eu 65 cas autochtones de dengue, en France métropolitaine, 43 cas en 2023, il n’y a aucune raison qu’il y en ait moins cette année. Il est présent dans 71 départements, et la carte de France ce sera très bientôt toute rouge.

Et en Occitanie, on l’a depuis 20 ans !

On est précurseur ! Il est partout et en plus grand nombre. C’est une espèce invasive particulièrement bien adaptée à l’homme. On peut le contrôler, pas l’éradiquer. Et à ce titre, il faut s’attaquer au moustique tigre pour préserver la biodiversité.

Pour l’instant la gêne est minime…

Mais avec les pluies que l’on vient d’avoir, dès qu’il va faire chaud, d’ici quelques jours, il faut s’attendre à une explosion des nuisances. Il faut que tout le monde s’active : les particuliers pour supprimer ces collections d’eau et les municipalités qui ont le devoir, par décret, de contrôler la population par leurs agents ou en faisant appel à des sociétés spécialisées comme l’EID Méditerranée.

Cela dit, ces virus ne sont que très rarement mortels ?

J’ai l’habitude de dire que ce sont des virus sérieux. Pour avoir été moi-même contaminé, cela s’est fini par quinze jours d’hôpital, ce n’est pas si bénin que cela. 60 % des contaminations sont asymptomatiques, pour le reste on a des céphalées, de la fièvre, des douleurs, des signes hémorragiques… Dans un cas avec symptôme sur 2 000 il est mortel. Il ne faut pas le prendre à la légère, car quand il y a beaucoup de cas, cela finit par devenir un énorme problème de santé publique.

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Les commentaires (4)
cacorico Il y a 13 jours Le 05/05/2024 à 07:44

debilos@
je vous invite a venir 5 minutes en camargues ,cela suffira a vous faire changer d'avis.

Debilos Il y a 13 jours Le 04/05/2024 à 19:16

Moins de moustiques = moins de nourriture pour les oiseaux donc moins d'oiseaux. Idem pour les coupes rases des bas cotés par les communes du littoral qui détruisent beaucoup d'insectes. Il suffirait d'attendre le 15 juillet pour que les larves soient ecloses. Mais il faut que cela soit top pour les touristes afin qu'ils puissent sortir les cartes de credit sans se gratter !

Anonyme250698 Il y a 13 jours Le 04/05/2024 à 20:26

A choisir je préfère moins d'oiseaux et de moustiques. Et moins d'insectes en général grâce aux coupes des bas coté c'est tout benef.

languedoc-roussillon Il y a 13 jours Le 05/05/2024 à 06:32

Désolée pas que les Touristes moi je suis d'ici et là depuis qu'il y a des écolos on ne démoustique plus et on est envahis TOUTE l'Année... car ils sont la même en plein HIVER